Au cœur des danses médiévales, la mystérieuse danse de Saint-Guy secoue l’Europe du XIVe au XVIe siècle. Entre hystérie collective et traditions festives, ce curieux phénomène rassemble une foule d’hommes, femmes et enfants dans un tourbillon frénétique qui s’étend des ruelles alsaciennes aux places des grandes villes. Imagine-toi Strasbourg en 1518, où, telle une rave avant l’heure, des centaines de personnes entrent en transe dans une danse sans fin, jusqu’à l’épuisement. C’est ce patrimoine européen, aux frontières floues entre médecine et croyance, qui fera vibrer l’histoire des danses anciennes, tout en reliant musique et danse anciennes à une histoire culturelle pleine d’évolutions surprenantes.
De la peur divine à la science naissante, ces mouvements collectifs sont autant d’épisodes où traditions festives et psychoses collectives s’entrelacent. L’histoire des danses de Saint-Guy illustre comment l’Europe du XIVe au XVIe siècle jonglait entre superstition, manifestation populaire et début d’une compréhension plus médicale, bousculant les certitudes d’alors sur le corps et l’esprit. Sans oublier la musique ancienne qui rythmait ces folies, mêlant enivrantes mélodies et battements frénétiques pour mieux envoûter les corps et esprits.
Pourquoi la danse de Saint-Guy était-elle ce drôle de phénomène d’hystérie collective ?
Cher lecteur, imagine-toi en plein XVe siècle, au beau milieu d’une ville alsacienne. Tu assistes à une scène qui ferait pâlir n’importe quel festival EDM : une horde de danseurs pris d’une frénésie incontrôlable, enchaînant des mouvements incessants jusqu’à l’épuisement, voire à la tragédie. Cette danse étrange, baptisée « danse de Saint-Guy », n’était pas un simple caprice. C’était un phénomène de psychose collective, appelé aussi chorémanie ou manie dansante, qui s’étendait sur plusieurs décennies et pays, notamment en Allemagne et en Alsace.
Les causes potentielles ? Un cocktail explosif mêlant :
- 🍄 L’ergot du seigle contaminant les moissons, ce champignon halluciné pourrait avoir provoqué des convulsions et des hallucinations collectives.
- 😨 La peur, le stress et les troubles sociaux à la suite de famines, de guerres ou d’épidémies, exacerbant les tensions psychologiques.
- 🎶 Les rituels religieux et la musique ancienne jouant le rôle de catalyseur, amplifiant les états d’extase collective.
Le savant Paracelse se battait pour distinguer cette « chorée » du baptême religieux lié à saint Guy, tandis que plus tard les psychiatres du XIXe siècle tentèrent de comprendre ce phénomène sous l’angle neurologique et pathologique. Mais rien de tel que la danse pour exprimer un dérèglement collectif de l’esprit au Moyen Âge.
Quelques dates clés 🗓️ :
| Année | Lieu | Particularité |
|---|---|---|
| 1237 | Erfurt | Première danse mentionnée, encore peu documentée |
| 1374 | Pays-Bas / Aix-la-Chapelle | Épidémie majeure avec plusieurs centaines de cas |
| 1518 | Strasbourg | La plus célèbre épidémie ; surtout des femmes concernées |
| 1863 | Madagascar | Dernière manifestation connue |
Cette liste est loin d’être exhaustive, car ces manifestations, bien que semblant incompréhensibles, venaient ponctuellement secouer plein de communautés pendant des siècles.
Comment expliquer scientifiquement une foule qui danse jusqu’à l’épuisement ?
La science moderne évoque le syndrome des convulsions collectives, avec en toile de fond l’excitation nerveuse, les poussées émotionnelles et des causes alimentaires. Dans ce tumulte, le cerveau et le système nerveux perdent la maîtrise sur les muscles, engendrant des mouvements désordonnés. Auguste Stoeber, dans ses analyses alsaciennes, résume cette folie par une poésie triste : « Beaucoup de gens, par folie, se sont mis à danser tout le jour et la nuit… jusqu’à en tomber évanouis… Plusieurs en sont morts. »
Voilà une édition spéciale des danses médiévales où la frontière entre la fête et le mal étrange s’efface. La « danse de Saint-Guy » n’était ni une simple danse de rue, ni une mode passagère, mais un désordre neurologique collectif – oui, c’est possible – rendu encore plus tragique par les croyances de l’époque.
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Comment la danse de Saint-Guy a-t-elle évolué dans les traditions festives européennes ?
Au fil des siècles, la danse de Saint-Guy est devenue un mélange fascinant d’éléments médicaux, religieux et culturels qui ont alimenté les évolutions culturelles en Europe du XIVe au XVIe siècle. Le patronage de Saint-Guy, protecteur des danseurs atteints de ce mal, inscrivaient ces épisodes en un rituel presque sacré. La chapelle de Saint-Guy à Saverne est ainsi devenue un lieu de pèlerinage incontournable, où fous et danseurs prenaient la mesure de leur destinée, dans une ambiance oscillant entre prière et transe.
Cette danse extrême a inspiré — et parfois effrayé — les populations, ce qui lui conférait un statut à part dans l’histoire des danses médiévales. D’une simple manifestation neurologique, elle s’est muée en tradition festive avec processions, prières et musiques anciennes adaptées :
- 🎻 Des ensembles musicaux spécifiques jouaient pour canaliser ou accompagner les danseurs.
- ⛪ Des cérémonies religieuses marquaient les différentes phases du mal, oscillant entre exorcismes et rites guérisseurs.
- 💃 Dans certaines régions, la danse se transformait en une fête populaire synchronisée avec les cycles agricoles ou les grandes foires.
Cette ambivalence entre maladie et coutume fit que la danse de Saint-Guy entre dans le patrimoine européen comme un épisode autant historique que culturel, influençant les représentations des danses en Europe du XIVe, XVe et XVIe siècle.
| Aspect culturel | Manifestation | Impact |
|---|---|---|
| Pèlerinages | Chapelle Saint-Guy à Saverne | Soutien spirituel des danseurs, médecine archaïque |
| Musique & danse anciennes | Musiques spécifiques adaptées à la chorémanie | Accroissement de la transe collective |
| Traditions festives | Processions et cérémonies liées au folklore local | Transmission orale et mémoire collective |
Le rôle des musiques anciennes dans la frénésie dansante
Musique et danse anciennes étaient indissociables pour les danses de Saint-Guy. Ces mélodies jouées sur des instruments d’époque rythmaient les convulsions et amplifiaient l’extase collective. En 2025, des chercheurs ont même reconstitué certains airs grâce à des manuscrits anciens, analysant ainsi comment ces rythmes cadencés pouvaient guider des centaines de personnes dans leur manie dansante, transformant parfois la frénésie en spectacle inquiétant et fascinant.
Certaines compositions pouvaient aussi avoir une fonction apaisante, tentant d’endiguer cette danse folle — un ballet hasardeux entre chaos et contrôle, toujours très dépendant de ce fragile équilibre entre esprit et corps.
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Quels sont les liens entre danse de Saint-Guy et médecine du Moyen Âge ?
La manière dont la danse de Saint-Guy est comprise au Moyen Âge oscille entre croyances mystiques et premières approches médicales. Alors que certains attribuaient cet étrange mal au diable ou à des malédictions divines, des médecins, notamment au XVIIIe et XIXe siècle, commencèrent à chercher une explication scientifique, posant les fondations de la neurologie et de la psychologie pathologique.
Les symptômes observés :
- 🤸 Mouvements involontaires et convulsifs souvent asymétriques
- 🧠 Altération variable de la conscience et de la coordination musculaire
- 😵 Epuisement physique intense après les épisodes
Un médecin lyonnais du XIXe siècle, le Dr Foulhioux, distilla toute la complexité de cette maladie (qu’on appelait alors « chorée »). Selon lui, ce désordre résultait d’une couche de troubles : dysfonctionnement nerveux, troubles de l’intelligence, perturbations musculaires, et même manifestations viscérales. La maladie était souvent localisée d’un côté du corps et accompagnée d’une inflammation neuro-musculaire. Notons que la danse de Saint-Guy se manifeste particulièrement chez les enfants et jeunes adolescents, ce qui coïncide avec des phases sensibles de développement neurologique.
| Symptômes | Description médicale | Conséquences |
|---|---|---|
| Ataxie musculaire | Défaut de coordination entre muscles antagonistes | Marche désordonnée, maladresse importante |
| Convulsions | Contractions involontaires prolongées ou brèves | Risque d’épuisement ou de blessure |
| Altération cognitive | Incohérence mentale, troubles de la mémoire | Difficultés sociales et psychiques |
Comment le traitement médiéval inspirait-il de la magie et de la médecine ?
Dans l’incertitude, les traitements mêlaient sangsues, prières, et concoctions à base d’herbes médicinales. Le remède miracle ? La strychnine — oui oui, ce poison bien connu — redécouvert comme tonique nerveux au XIXe siècle, avait d’ailleurs permis de soigner plusieurs cas, mais pas sans effets secondaires parfois terrifiants. L’approche médicale oscillait entre thérapie empirique et croyances populaires, souvent en proie aux idées de diable, d’hystérie et d’extase mystique.
Une anecdote typique : certains patients retrouvaient miraculeusement la parole ou la motricité après un pèlerinage religieux, ce qui a laissé une belle place à l’espoir et à la foi dans ces danses de Saint-Guy.

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Comment la danse de Saint-Guy influence-t-elle la culture populaire et artistique aujourd’hui ?
De la scène inattendue de Strasbourg aux festivals contemporain, la danse de Saint-Guy fascine toujours autant qu’elle intrigue. Elle a inspiré des chorégraphes, auteurs et musiciens, à commencer par Mette Ingvartsen, qui s’est emparée de cette « danse folle » pour une mise en scène contemporaine, mêlant grotesque et beauté, science et frénésie. Cette continuité entre passé obscur et création moderne illustre que ce patrimoine européen influence encore la culture et nos façons de comprendre les crises sociales par la danse, la musique et la foule.
La choréomanie a également été une source d’inspiration pour :
- 🎭 Des pièces de théâtre historiques mêlant folie et foi
- 🎵 Des albums musicaux, comme “Dance Fever” de Florence + The Machine, qui évoquent la transe collective
- 🎨 Des œuvres picturales et illustrations reflétant les tourments humains et sociaux
Découvrir ces vidéos modernes te permettra de mieux saisir la fascination que ce mystérieux phénomène exerce encore sur nous, en 2025.
On y décortique les mécanismes, les impacts et les évolutions culturelles autour de cette étonnante épidémie médiévale.
Qui était Saint-Guy et pourquoi associé à cette danse ?
Saint-Guy ou Saint Vitus est un saint chrétien protecteur contre les convulsions et chorées. La danse porte son nom car les malades étaient souvent emmenés en pèlerinage à sa chapelle, en espérant une guérison divine.
La danse de Saint-Guy était-elle vraiment une maladie ?
Oui, il s’agissait d’une forme de psychose collective provoquant des mouvements convulsifs incontrôlables, souvent reliés à des causes environnementales ou sociales.
Comment les médecins du Moyen Âge soignaient-ils cette danse ?
Ils combinaient prières, saignées, concoctions d’herbes médicinales et parfois des traitements plus agressifs comme la strychnine au XIXe siècle, dans un mix entre médecine et croyance mystique.
Existe-t-il encore des phénomènes similaires aujourd’hui ?
Des épisodes de psychose collective, ou ‘hystérie de masse’, se produisent encore, notamment lors de rassemblements ou crises sociales, mais la forme danseuse est devenue très rare.
Pourquoi les danses médiévales, même aussi étranges, font-elles partie du patrimoine européen ?
Parce qu’elles témoignent de l’évolution culturelle complexe entre traditions festives, croyances, musique et développement des savoirs médicaux, formant une toile de fond unique pour comprendre notre histoire commune.
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Ingénieur en sciences cognitives et communication, j’ai décidé d’explorer les grandes questions inutiles avec un style qui mêle humour, culture et autodérision.
Quand je ne cherche pas à comprendre pourquoi les chats tombent toujours sur leurs pattes, j’écrit des articles mêlant sciences, comportements humains, phénomènes naturels, culture insolite et objets du quotidien.
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